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Mise en scène

Concept

Plusieurs champs d’activité indépendants et en libre interpénétration, éléments vus et entendus simultanément, s’opèrent sans contrainte dans la conscience de l’auditeur-spectateur.

Sans chercher à être le centre absolu, les phénomènes s’assemblent, se superposent et sont chacun le centre de leur propre expérience – laisser le temps « être » en dehors d’une relation linéaire.

Les éléments de la sculpture mobile suspendus tournent silencieusement dans tout l’espace.

Les spectateurs se placent autour ou même sous la sculpture, si les dispositions techniques indispensables à la manipulation le permettent.

Un être énigmatique, « la manipulatrice » (danseuse) déploie au centre ses mouvements lents, entrecoupés par des gestes et expressions imprévisibles, passant d’une extrême douceur à la violence sauvage.

Quatre musiciens, une chanteuse, un violoncelliste, un flûtiste, un percussionniste et une table d’installation électronique sont placés autour du public.

Un homme (comédien), se trouvant parmi le public, se déplace, lent ou agité, suivant « un long chemin », le sien, vers le centre où il meurt.

La musique et la danse ainsi que les mouvements de la sculpture continuent imperturbablement.

La lumière venant de tous les côtés, suit un concept abstrait passant de moments crépusculaires vers une luminosité aveuglante.

Dans le cycle « Treibgut », la présence d’un comédien est introduite pour la première fois.

Le public, faisant intégralement partie du spectacle, perçoit le comédien comme l’un des leurs, « l’homme à côté de soi », le voisin.

Cette présence, discrète au début, secondaire en apparence, devient porteuse du thème central « mourir ». Pour cet homme, soudain, le temps se renverse dans une autre dimension.

En son intérieur, des bribes de souvenirs hors de leur lien temporel, surviennent et l’emmènent dans la mouvance du nouveau. Il rêve de rentrer chez lui après une longue absence, ne peut ni marcher, ni parler et peine à avancer comme s’il traversait une masse épaisse et invisible de traces, messages, mots, formes, signes, flottant comme « Treibgut » au-dessus du sol de son imaginaire.

Ardemment, il désire retrouver la parole.

« Est-ce que quelqu’un peut me dire qui je suis ? » (Shakespeare « Le roi Lear »)

Arrivé à la limite de ce qui était et de ce qui devient et apercevant l’unité, il meurt.

La mort comme initiation pour y trouver sa propre voix, sa propre langue.

Et quand bien même la parole resterait à jamais enfouie dans la nuit, ne parviendrait pas à luire, le fait de l’avoir attendue, d’avoir profondément désiré son surgissement, son bruissement, suffit déjà à éclairer cette nuit noire, d’un halo minuscule, soit, mais porteur d’espérance…. (Sylvie Germain)

Ainsi en « Shô », le spectateur serait détaché de sa perception du temps. L’espace intérieur n’est pas lié au temps et l’immensité qui s’ouvre est vertigineuse.