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Origine du projet

Si je voulais tenter de décrire le chemin qui m’a menée à la création de Treibgut, je choisirais volontiers des moments intenses de ma vie.

La nature dans la nuit, les bruits, les odeurs, les formes énormes qui bougent dans le vent, l’étrange apparition des formes du monde dans le brouillard, l’indescriptible exubérance d’un matin de première neige. L’intense joie de donner vie à un être humain. Ou se trouver face à la mort, ne pas comprendre que le corps d’un être proche puisse devenir étranger et séparé de ce que j’appelle sa vraie présence ; le corps devenu chose. La perception de la vie, le souffle qui traverse et unit tout, à la découverte de l’amour, sentant la mort, présence aiguë, participant à ce « tout », à cet « être ».

Venant de l’espace scénique, du théâtre, j’entrais dans une phase de travail sur le silence, en silence — poussée par le désir de pénétrer mes espaces personnels, intimes et par là de m’ouvrir des espaces intérieurs de plus en plus vastes. Un travail solitaire avec une plume fine, encre de chine sur papier.

Le mouvement qui s’inscrivait spontanément sur mes pages blanches — s’éloignant souvent vers l’infini — un jour revint vers moi, quittant l’imaginaire et prenant corps. La feuille à dessin humide se levait en plis sous mes doigts. Séchée et suspendue à des fils, la sculpture mobile était là. Arrivée à une dimension de 8 m sur 16 m — en suspension — elle allait déchirer visuellement l’espace de la Chapelle des Brigittines (Bruxelles), créant une réalité surprenante et libératrice, mais inquiétante dans son contraste par rapport à l’homme — tout petit.

C’était l’espace qui m’attirait, espace réel porteur d’une histoire, dans lequel je projetais la sculpture mobile, qui y prenait des formes multiples.%@%

Treibgut — à la dérive — entraîné, emporté, soufflé, poussé.... entraînant, emportant...... Le thème se développe vers la dramaturgie de l’espace, cherche sens, non seulement sous forme d’exposition (dessins à l’encre de chine, sculpture-structure), mais tend vers l’événement.

La sculpture se met en mouvement, s’unit à la musique, à la danse, confrontation de la matière, — sculpture mobile devenue protagoniste — avec l’homme danseur et la musique, inscrite dans l’espace, dans la lumière, dans le temps.

Treibgut prend l’ampleur d’un projet work in progress. L’espace exceptionnel de la Chapelle des Brigittines peut être considéré comme la matrice de ce projet, ce qui n’exclut pas — comme l’indique le titre — le « dérivage », « rivage » en d’autres lieux d’inspiration ou de provocation.

L’échange avec différents collaborateurs — danseur chorégraphe, musicien, techniciens — enrichit le projet et contribue au mouvement, ne pas « faire » seulement Treibgut, mais « l’être », le « vivre » dans son sens existentiel. Ainsi s’épanouit la sculpture sociale, par la dynamique propre de l’œuvre, par une interaction permanente entre « moi » et « l’autre ».

Dans les spectacles performances du cycle Treibgut, je souhaite créer un espace d’expérience, un événement complexe qui agit directement sur nos sens et mène à la perception d’un monde ouvert, d’une métamorphose qui transcende les frontières. Créer des images intérieures, une forme de souvenir qui ouvre sur l’avenir…